St
Jean 2008
Comme
Zarathoustra, je viens aujourd'hui de redescendre de la montagne apporter
la joyeuse nouvelle de la naissance de l'homme renouvelé, libre
et heureux, de l'humain redevenu enfant...
J'ai passé la St Jean 2008, à 1800 m d'altitude, dans
les Pyrénées, avec de nombreux adultes, des enfants et
des animaux, dans un paysage de toute beauté... Je n'avais ni
sac de couchage, ni matelas, aucun habit chaud, pas de chaussures, pas
de bol, de cuillère, de savon... J'ai lâché mes
dernières peurs, mes attachements dans un parking improvisé
au bout d'une longue route périlleuse de graviers et de terre,
parmi le roc et les fleurs... J'ai tout laissé, à la grâce
du ciel, dans ma voiture devenue blanche de poussière et j'ai
ensuite gravi un sentier éprouvant, seule, au bout du Monde,
sous le soleil ardent...
Et, je suis arrivée, pieds nus, sur un plateau sauvage, tout
de genêts jaunes vêtu, de grandes prairies douces et bienveillantes,
balayées de vent léger et ébloui, de sources vives.
Un plateau appelé le plateau des Etoiles
un plateau oublié
dans le Vallespir
Un immense feu au milieu des vaches, des chevaux et des ânes
Des enfants qui courent sous le soleil
Des yourtes, des tipis, des habits colorés et féeriques
de centaines de personnes de toutes races, de tous pays
Des visages rayonnants tous plus beaux les uns que les autres
De la musique résonnant avec lorbe céleste
Une activité vibrante telle celle des ruches d'abeilles...
Un souffle inouï de liberté, de bonheur, de simplicité,
d'unité dans une diversité et une originalité absolue...
Des voiles de couleur de l'arc en ciel qui jouent sur les peaux brunies
des femmes et des hommes qui s'enlacent sans honte
Des baisers qui volent de toute part dans l'air parfumé de bois
et d'herbes sauvages
Des faucons qui suivent inlassablement la fête qui se prépare
Des femmes qui dansent déjà sous le son des tambourins
Les mélodies des flûtes qui enchantent de splendides enfants
Un des ânes qui nous rappelle soudain sa présence
Je m'assoie pour des heures sur l'herbe, savourant ma solitude et mon
bonheur d'avoir trouvé ce que j'ai toujours cherché :
la
St Jean de la Terre et de l'homme nouveau !
Je
me sens, tout à coup là, sur ce plateau sauvage, respectée,
reconnue, aimée, comme si cétait la première
fois dans ma vie
Des gens de nature Jean passent près de moi, s'assoient un temps
à mes côtés, m'embrassent, me prennent dans leurs
bras en silence, des enfants m'apportent des fleurs, se blottissent
contre moi, des chiens quémandent une caresse et la nuit vient
douce et bleue sombre, le feu grandit d'heures en heures, crépite,
des chants russes, des chants hébreux, des chants d'amour se
mettent à danser prés du feu.
Il fait bon vivre...
Un magnifique jeune homme allemand, Benjamin de lAude, vient me
demander le nom d'une étoile qui brille dans la nuit, une étoile
étrangement proche et nous abordons peu à peu ce à
quoi son cur aspire depuis sa naissance et qu'il découvre
en me rencontrant : l'anthroposophie!
Je lui conte l'eurythmie et ses yeux bleus qui rient dans la nuit de
la St Jean me lancent des rayons d'astres enchantés. Les couleurs
autour de nous se prennent tout à coup dans une farandole de
lumière. Il me dit alors tendrement son bonheur d'être
là à mes côtés et de recevoir une nourriture
bénie...
Il me murmure que c'est sans doute à cause de l'étoile
dont il ne savait pas le nom. Et, la poésie et la fantaisie se
donnent alors la main et son cur et le mien se mettent à
pleurer de joie.
Lorsque la nuit fut bien avancée et que le matin s'attardait
encore à venir, quelqu'un m'a donné une couverture et
un tipi près du grand feu m'attendait mystérieusement...
Le lendemain, André, qui avait très longtemps pleuré
dans les Cévennes contre mon cur deux jours plus tôt,
lui qui a choisi de vivre comme un nomade, me fit vivre une initiation
au cur de la féminité et de la masculinité,
dans une constellation originale, sous l'ombre des arbres, parmi un
petit groupe d'hommes et de femmes ...
Je trouvai là ce pourquoi mes pas m'avaient avant tout conduite
sur ces hauts plateaux: la compréhension de mon incarnation
en femme !
Je suis aujourd'hui redescendue de la montagne, ma vie est désormais
scellée sous le sceau merveilleux de la St Jean 2008, dans les
Pyrénées, sur le plateau des Etoiles. Jai laissé
ma colère aux bouses de vache
Catherine
Immer
Maquette
: Ivan H / Photo : Alexandre, Jonatan, Loïc et tous les amis/ N
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